ROBUSTESSE
1. CRÉATION D’ESPACES COMME SUPPORT D’UNE IDENTITÉ « ACTIVE »
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Une mixité d’espaces encourageant la diversité
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Tout d’abord, Bentley traduit la robustesse comme un principe permettant d’utiliser l’espace pour plusieurs fonctions tout en offrant un vaste choix d’usages pour la population qui fréquente le lieu en question.
À travers le campus de l’université, on dénote une mixité de paysages et d’espaces afin d’encourager l’expérimentation des occupants et visiteurs à travers leur parcours universitaire. En fait, cela permet de guider les utilisateurs dans leur parcours tout en promouvant une liberté d’exploration intuitive de l’espace. Par cette mixité, on laisse les étudiants et travailleurs découvrir le paysage qui les entoure et les activités à proximité. Dans le secteur ouest, on peut cependant remarquer que les planifications antérieures du campus souhaitaient mettre en avant la fonction résidentielle au centre du secteur et établir les bâtiments d’enseignement/recherche en périphérie (voir cartes ci-dessous). En revanche, en 2018, la constitution du nouveau secteur ouest se fait étape par étape et souhaite prioriser une mixité de domaines (de recherches, des résidences, des activités scolaires) les uns avec les autres tel évoqué en schéma tout en diminuant les espaces dédiés aux stationnements.
AVANT
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APRÈS​
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Selon Bentley, les activités sont support de l’activité : les gens attirent les gens. On peut se demander comment créer un nouvel espace public animé et robuste à la fois ?
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Les activités extérieures sont fortement influencées par ce qui se passe dans les bâtiments autour de l’espace
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Ce qu’il faut prendre en compte pour analyser la robustesse
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Avoir des rez-de-chaussée actifs pour animer l’espace public
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Concevoir les seuils entre les bâtiments et l’espace public de façon à supporter une gamme d’usages variés
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Concevoir les espaces publics tels que : rues automobiles passantes, rues partagées et espaces piétons s’associent ensemble efficacement
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Concevoir des microclimats confortables
Figures 40 et 41 : Carte des usages des bâtiments existants (avant) et du choix d'organisation future (après)
West Campus Development Framework, p. 51
De plus, les concepteurs du master plan du campus avaient pour objectif de restructurer l’espace public de chaque secteur en organisant chacun d’entre eux autour d’un espace principal à vocation multifonctionnelle. C’est autour de ce principe que le cœur du campus ouest fut organisé comme tel.
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Dans le secteur ouest, on peut voir un exemple qui se distingue particulièrement pour ce cas. En effet, en plus de devenir un nouvel espace public identitaire, l’espace central du secteur ouest se matérialise par la place publique appelée « West Campus Green » faisant près de 4,36 acres (1,75 hectare). Elle est ici conçue dans le but d’être une interruption par rapport à la trame viaire du secteur. L’espace est laissé libre et se divise sous 4 sous-zones, mais le tout est encadré par le bâti en bordure de la place. L’ensemble permet de pratiquer de nouvelles activités en extérieur tandis que le grand corridor que forme la place s’ouvre vers une vue caractéristique du campus ouest vers le waterfront. Quant à l’espace vert, il agit comme un poumon vert et un repère pour les utilisateurs du lieu. En termes de robustesse, la variété de textures et les deux nouveaux pavillons supposent une flexibilité d’usages dans un lieu d’intensité. Cependant, le langage paysager de l’ensemble reste plutôt urbain et récréatif, en adéquation avec l’idée de bord de mer actif, lieu de loisirs pour tous encadrés par le bâti existant et nouveau.
Figure 42 : Contexte d'organisation du bâti autour de la place verte
Figure 43: Aménagement urbain et naturel de la place
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Une nouvelle « streetlife » à l’échelle humaine
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Actuellement, le problème remarqué dans ce secteur du campus se caractérise par une fréquentation élevée associée à une hiérarchie absente des rues. En effet, elles sont toutes relativement similaires et peu invitantes. Afin d’y remédier, une stratégie a été mise en place pour les prochaines années visant à recréer des parcelles à l’échelle plus humaine (piétonne). Cela permettrait d’activer un système de « street life » en lien avec les façades actives des bâtiments, mais surtout d’extérioriser les activités.
Ce besoin de socialisation passe par une modélisation et un travail minutieux sur les entre-deux des bâtiments et de leurs rues. Étant donné que l’on est dans un contexte d’un « innovation district » dans le secteur ouest, on peut se demander quel est le rôle de l’espace public : comment peut-il supporter les activités reliées à cette nouvelle vocation de l’université ?
West Campus Development Framework, p. 5
2018 Seattle Campus Masterplan, p. 92 + auteurs
AVANT
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APRÈS​
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Figure 44 : Revitalisation de Brooklyn Avenue comme axe d'intensité du secteur ouest
Dans ce même ordre d’idée, le NE Campus Parkway devient alors un espace public agréable le long de la rue grâce à des rez-de-chaussée actifs et une programmation adaptée. L’intention d’une nouvelle composition de rues a pour but d’animer le parcours et d’enrichir les paysages afin de les transformer en repère, une référence et une facilité de transit pour les étudiants et travailleurs sur le campus. Aussi, pour avoir une transparence dans les espaces, un environnement axé sur le piéton permet d’accentuer un sentiment de sécurité et de satisfaction pour les utilisateurs. À chaque intersection de rue traditionnelle avec une rue partagée (comme la 15 th Avenue NE), les piétons sont toujours dirigés vers un point précis du paysage où ils sont appelés à de la contemplation, au loisir ou à la socialisation.
2018 Seattle Campus Masterplan, p. 176-177
Figure 45 : Attribution de fonction dans les rdc du bâti
West Campus Development Framework, p. 17
Figure 46 : Revitalisation de la 15th Avenue comme lien entre le secteur central et le secteur ouest
2018 Seattle Campus Masterplan, p. 178 + auteurs
Lors de la validation de ces principes urbains pour le master plan, il fallait créer des rues animées et participatives au paysage identitaire du campus. Une question s’est alors posée. En effet, comment mesurer l’impact sur l’appropriation des occupants? Pour répondre à cela, plusieurs stratégies ont été mises en place :
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Générer des rues animées par des usages variés et transparents
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L’orientation des bâtiments suivant les principes environnementaux (solaire notamment)
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Une flexibilité des espaces au sol
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Des portes d’accès limpides et invitantes sur le campus depuis la ville
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Des connexions et intersections ancrées au mode des transports actifs
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Ancrer le paysage comme un élément fondateur de la nouvelle vision
Figure 47 : Lien d'une rue partagée type avec ses façades actives
West Campus Development Framework, p. 77 + auteurs
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Aussi, le campus ouest joue un rôle de connecteur afin de relier le campus centre au bord de mer, devenant alors un espace paysager récréatif, une vitrine active qui anime les différents corridors. Ainsi, le rôle crucial de l’élément de bordure est capital, surtout dans un lieu d’intensité où le paysage naturel devient lui-même une façade active. La bordure entre les secteurs sert alors d’élément de transition pour passer d’un paysage à un autre et faciliter la traverse des barrières et limites qui séparent les secteurs.
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De plus, ce désir de consolider les connexions et d’améliorer le mouvement sur les bords des secteurs est, ouest et sud du campus permet aussi de mettre l’accent sur un autre critère essentiel à la robustesse des lieux. Une nouvelle forme de microclimat débutant toujours d’un point de départ commun : le waterfront et qui tente de s’infiltrer au plus profond des terres de ce secteur pas des stratégies de design tel que mentionné plus haut dans cette partie.
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Bordure naturelle : le bord de mer
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D’un autre côté, l’encadrement des espaces publics plus développé et intégré dans le critère de lisibilité par Bentley prend aussi sa place dans la section robustesse. En effet, ceux-ci se retrouvent presque toujours orientés de telle manière à protéger ces espaces des vents du littoral tout en étant ensoleillés en très grande partie durant la journée. Il s'agit une autre stratégie très bien développée lors de la conception du nouveau bâti du master plan 2018.
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Par la suite, on y distingue une progression de ce paysage naturel qui s’infiltre dans le paysage urbain du campus ouest par des éléments urbains et naturels à la fois, comme la place publique qui a été étudiée précédemment. Cela permet de pouvoir mixer parfaitement urbain et nature tout en équilibrant la quantité de surface pavée (actuellement, 55 % du campus) et les aires plantées (au nombre de 14 % dans le secteur ouest). Encore une fois, cette nouvelle forme de microclimat générée a pour but d’améliorer l’épanouissement des utilisateurs des lieux.
Figure 48 : Aménagement de la promenade du waterfront
2018 Seattle Campus Masterplan, p. 233
Figure 49 : Connexions des espaces naturels et de mobilité
West Campus Development Framework, p. 73
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Bordure bâtie : le bord urbanisé
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Figure 50 : Nouveau microclimat du secteur ouest et sa constitution urbaine
West Campus Development Framework, p. 72 + auteurs
2. DES INFRASTRUCTURES CONTRÔLÉES
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La programmation imaginative de basilaires vivants
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Dans un autre temps, le campus ouest a tenté de se densifier de manière progressive afin de contrôler ses infrastructures avec celles existantes ou à proximité de la ville. Aussi, les bâtiments éducationnels ou patrimoniaux ont souvent tendance à être renfermés sur eux-mêmes. Pour remédier au fait d’avoir des espaces certes de qualité, mais indépendants les uns autres, un travail sur les façades actives et les espaces intérieurs a dû se faire. Chaque bâtiment possède une façade active directement reliée à un espace public ouvert extérieur et intérieur ou une rue active permettant animation et mouvement diversifié pour les occupants du campus qu’il soit habitué des lieux ou simple visiteur temporaire.
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Figure 51 : Développement de façades actives dans le secteur ouest
2018 Seattle Campus Masterplan, p. 243
Aussi, le fait d’avoir un bâtiment d’une vocation et son basilaire d’une autre accentue la promotion d’une mixité fonctionnelle : autre caractéristique importante pour montrer l’efficacité et la robustesse d’un campus universitaire comme celui-ci relativement proche d’une grande ville comme Seattle.
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​Au final, même si le campus de l’université se densifie, le fait de travailler de manière délicate le bâti conjointement avec la notion de paysage identitaire conforte l’échelle humaine dans ce campus. Ainsi, la robustesse des espaces présents et de ceux nouvellement créés permettra aux occupants de s’épanouir et de pouvoir s’identifier au gré de leurs envies dans des espaces de qualité.
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Figure 52 : Rapport des hauteurs au-dessus des basilaires de bâti
West Campus Development Framework, p. 83
Figure 53 : Développement et densification sur Campus Parkway
2018 Seattle Campus Masterplan, p. 185