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LISIBILITÉ

Pour commencer, on peut se poser quelques questions sur le principe de la lisibilité du campus :

  • À quoi ressemblent les portes d’entrée du campus ?

  • Quel serait le langage paysager à préconiser ?

  • Comment signale-t-on qu’on entre sur le campus par rapport à la ville ?

  • Quelles expériences les occupants en tirent-il ?

Pour Bentley, la lisibilité passe par le fait de se situer facilement dans l’espace à travers des formes physiques (nœuds, chemins, repères, etc.) et des activités. De plus, introduire la notion de séquence signifie de créer des liens, des connexions, une hiérarchie et une succession de stimuli.

 

Une des principales missions sur le critère de la lisibilité du campus a été de réduire l’échelle de développement du bâti afin de promouvoir l’identité nouvelle du campus, une meilleure orientation des usagers et une connectivité efficace des différents secteurs du campus. Dans un autre temps, utiliser le waterfront à vocation commerciale et innovatrice pour un campus vert et partagé reste un précieux atout pour introduire la notion de séquences paysagères des lieux.

1. RESTRUCTURATION DES AXES IDENTITAIRES DU CAMPUS

  • Consolider les séquences paysagères

 

Pour pouvoir créer des séquences paysagères sur le campus, il est nécessaire de restructurer les 5 axes principaux et d’en faire des repères majeurs (y créer des percées et des liens visuels entre les secteurs) pour affirmer une nouvelle façon de percevoir le campus par les utilisateurs et une connexion avec la ville. D’abord, il est à noter que chacun de ces axes possèdent sa propre identité, comme il a été traité dans l’analyse par le cadre théorique :

RAINIER VISTA : axe structurant du campus, vue sur le Mount Rainer pour intégrer une station de train léger

LIBERAL ARTS QUAD : axe nord-est, relie le campus nord. Il est connu pour ses cerisiers en fleurs.

MEMORIAL WAY : entrée cérémonielle sur le campus et principal axe vers le nord

OLYMPIC VISTA : de la statue G. Washington vers le Parkway et vue sur les montagnes

PORTAGE BAY VISTA : axe reliant le waterfront au centre du campus ouest par de nombreux corridors actifs et stimulants pour les usagers.

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Cerisiers - Liberal Arts Quad

Figure 54 : Les 5 grands axes de l'UW

2018 Seattle Campus Masterplan, p. 44

Statue G. Washington - Olympic Vista 

Portage Bay Vista

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Figure 55 : Les éléments identitaires des grands axes

2018 Seattle Campus Masterplan, p. 48, Joel Rogers Photography & College of Arts & Sciences Student Blog

D’autres marqueurs d’identité peuvent venir renforcer les séquences paysagères comme les différents espaces ouverts qui donnent un caractère unique à chaque secteur. En effet, sur le campus de l’Université de Washington, chaque secteur a sa propre typologie d’espaces ouverts :

  • Campus central : pelouses et bosquets de forêts

  • Campus ouest : cours et façades urbaines

  • Campus est : zones humides, prairies et terrains de loisirs

  • Campus sud : front de mer

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Figure 56 : Typologie d'espaces ouverts selon le secteur 

Ce qui permet à ces voies structurantes de faciliter la compréhension du territoire, c’est notamment qu’elles sont marquées par la présence de repères identitaires tels que le Broken Obelisk, la rive ou le Mont Rainer auxquels ceux qui expérimentent le territoire vont pouvoir se référer.

Tous les grands corridors se rejoignent en un centre, à la place publique Red Square. Ainsi, il s'agit d'un élément de centralité qui agit comme un ancrage dans le campus de l'UW, un élément identitaire très fort. Bien que centre vide, la place publique sert de point de repère pour les étudiants et de lieu de transit important. Red Square est donc un élément de lisibilité central du campus. Il existe aussi d'autres éléments de centralité, à plus petite échelle, qui ont été conservés (Denny Yard, Hub Yard, Parrington Lawn, le Quad, etc.). Comme il s'agit d'une recette gagnante, d'autres ont été ajoutés (Plaza et Green West Campus, Portage Bay Park, South Campus Green, etc.). Ces lieux sont encadrés par des lieux animés tel qu'il sera question dans la deuxième partie. 

Campus in motion : UW's Campus Landscape Framework, p. 149 + Auteurs

  • Créer des intersections et des nœuds connecteurs aux abords des axes

En plus de préserver et consolider les axes structurants existants sur le campus tels qu’ils ont été définis précédemment, le master plan prévoit le développement d’autres espaces et connexions ayant pour objectif d’améliorer l’organisation du campus et de donner une meilleure trame au développement futur. Cela a donc logiquement un effet sur la lisibilité du campus, qui sera nettement améliorée. Des connexions secondaires sont imaginées entre les différentes secteurs. Parfois, elles sont mêmes conçues de sorte à permettre le franchissement d’une barrière. Parmi les propositions faites dans le master plan, on retrouve notamment :

  • La Brooklyn Avenue NE permet de relier la ville et l’université avec le « waterfront » grâce à l’introduction d’une piste cyclable et d’un espace réservé aux piétons.

  • Un connecteur d’espace ouvert relie le campus sud au campus central et au « waterfront ».

  • Un nouveau pont terrestre relie les campus centre et est.

  • De multiples connexions piétonnes reliant les quatre secteurs du campus en un réseau complet et connecté

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Figure 57 : Requalification du East Campus Land Bridge 

2018 Seattle Campus Masterplan, p. 97 + Auteurs

Aussi, un réseau secondaire de voies se juxtapose aux corridors principaux. La plupart d’entre eux ont aussi un lien avec la ville, le point de départ de toutes les séquences paysagères. Pour accroître la lisibilité du campus dans la ville, des éléments signalétiques ont été inclus aux frontières. Il s’agit souvent de nœuds importants où on voit clairement les couleurs de l’université, comme pour le lien entre la 15th Avenue et la ville. De plus, tous sont travaillés de façon à les animer.

2018 Seattle Campus Masterplan, p. 178

Figure 58 : Requalification du lien entre 15th Avenue et la ville 

AVANT/APRÈS

2. UN CAMPUS À LA RENCONTRE ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ 

Les lisibilités morphologiques et d’usages sont essentielles si on veut pouvoir créer un campus de qualité où des formes architecturales traditionnelles (ex : campus central), et modernes (ex : campus ouest) cohabitent de manière harmonieuse. Elles seront même appelées à cohabiter dans un même secteur, car de nouveaux bâtis vont côtoyer les plus anciens. Il faut donc penser à traiter ces nouveaux édifices comme éléments pour améliorer la lisibilité du campus. 

2. QUARTIER URBAIN
  • Approche traditionnelle

Selon Bentley, la ville traditionnelle est une ville lisible. Son architecture traduit l’importance des différents espaces, autant extérieurs que les bâtiments. On peut alors aisément identifier leurs usages. De plus, la composition traditionnelle des façades et les hauteurs permettent de signifier clairement quel est le bâti d'importance face aux autres, rendant le milieu beaucoup plus lisible et distinctif pour les occupants des lieux.

 

​Ainsi, selon le master plan, le secteur qui correspond le mieux à ce type d'approche (traditionnelle) serait le secteur central du campus. En effet, celui-ci est en grande partie composé de larges corridors, d'entrées, de bâti et de places publiques identifiables rapidement selon l'endroit ou l'on se trouve supportées par les constructions monumentales des alentours (par exemple, Red Square). Le tout est alors signé d'une esthétique architecturale remarquable et dans ce cas ci mettant en avant le caractère identitaire particulier du campus de Washington.

 

Dans la ville traditionnelle, les monuments deviennent aussi des points de référence expérientiels. Dans l'analyse par le cadre théorique, nous en avons conclu que le secteur central était un paysage particulièrement significatif, distinctif et ou il y est facile de s'y repérer. 

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Figure 59 : Aménagement de la place publique Red Sqaure

2018 Seattle Campus Masterplan, p. 163

  • Approche du quartier urbain, un mélange entre tradition et modernité 

Pour Bentley, la lisibilité est plus un problème dans les environnements modernes. Pour lui, la ville moderne est illisible dans le sens où les bâtiments traduisent le pouvoir des institutions par leur hauteur, leur position-clé plutôt que leur importance dans l'espace urbain. Aussi, l’auteur reproche à ce design de ne pas communiquer les usages et de rendre la lecture de l’importance des autres espaces et bâtiments confuse.

Le secteur ouest est un exemple de cette problématique. En effet, la trame de la ville ne comporte aucune hiérarchie, tout comme les bâtiments. Le travail des concepteurs du master plan a donc été de donner au secteur ouest les qualités de l'approche traditionnelle pour un mélange réussi entre tradition et modernité. 

Les intervention du master plan visent donc à la création de façades actives, la création d'un espace public central, la réflexion sur les hauteurs de bâti et la poursuite de la trame de rues en grille de la ville. Ainsi, les voies sont hiérarchisées : on distingue clairement les voies principales, comme Brooklyn Avenue, des autres, ce qui améliore la lisibilité du secteur. 

 

L'idée principale restait de reproduire les qualités du secteurs central dans le secteur ouest. Ainsi, on vient créer un espace central, West Campus Green, comme il a été mentionné dans les analyse précédentes. Cependant, plutôt que de créer un espace minéral comme Red Square, les concepteurs ont misé sur une place végétalisée. En plus de rejoindre les idéologies modernes de campus vert, les textures, les couleurs et la lumière créent une ambiance calme et un élément signalétique. Elle devient donc un second coeur matérialisée comme un nouveau poumon du campus. En créant ainsi un nœud central au quartier urbain, la lisibilité va se voir également accentuée.

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Par les auteurs

  • Le dimensionnement réfléchi des nouveaux bâtis pour une meilleure lisibilité 

Le foisonnement d’une nouvelle perspective identitaire du campus passe également par une manière de repenser les bâtiments, qu’ils soient académiques, culturels ou patrimoniaux. En effet, l’empreinte au sol des bâtiments représente environ 31 % de la surface du campus (35 acres soit 14 hectares). De plus, la plupart sont des bâtiments récents construits entre 2012 et 2015. Dans le secteur ouest, très peu de bâtiments sont anciens et à valeur patrimoniale.

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Figure 60 : Évolution des hauteurs de bâtiments dans le secteur ouest

AVANT - 2003

APRÈS - 2018

En premier lieu, on remarque qu’en 2003, les bâtiments faisaient une moyenne de 65,5 pieds de haut avec un pic à 105 pieds pour les plus hauts avec une gradation progressive du plus haut en ville vers le plus bas vers le waterfront. En 2018, on remarque que la moyenne a augmenté environ à 158,3 pieds avec un pic à 240 pieds. Les concepteurs du master plan ont misé sur une hauteur de bâtiment qui diminue à mesure qu'on s'approche du waterfront. Cela va permettre au paysage urbain d’avoir un impact moindre sur le paysage naturel et identitaire au campus de l’université. Il s’agit d’une recette gagnante qui a été reproduite pour permettre à la densification de ne pas dénaturer ce campus tout en exploitant la valeur foncière des terrains disponibles. En effet, ces terrains sont parfaitement connectés à la ville, sur le bord de mer et n’ont pas de contraintes de patrimoine à respecter. 

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