RICHESSE
1. ANALYSE GÉNÉRALE
Selon Bentley, la richesse consiste à concevoir l’espace pour les sens : la vue, le toucher, le déplacement, les odeurs, etc. La richesse visuelle est liée aux contrastes des surfaces concernées afin d’éviter la monotonie visuelle des façades. Elle dépend du nombre d’éléments visuels, de la distance de laquelle on voit la surface et combien de temps on l’observe.
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Étant donné que le master plan n’a pas encore été concrétisé, nous ne pouvons pas analyser les façades prévues. Cependant, le master plan vise à améliorer les façades existantes et d’accroître leur richesse visuelle. En effet, elles semblent plutôt monotones, inactives et inanimées.
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On peut également s’intéresser à la composition du paysage comme vitrine de l’espace public. Alors, la surface devient horizontale quand on parle des textures au sol et verticale quand il est question de la végétation.
2. RICHESSE VISUELLE DANS LES PAYSAGES EXISTANTS
Le contexte paysager du campus ouest est le résultat d’une composition de paysages intentionnels et résiduels, auxquels s’ajoutent des paysages planifiés. Les paysages intentionnels sont cependant des investissements ponctuels par bâtiments qui ne sont pas intégrés dans une vision d’ensemble du paysage. Actuellement, les paysages les plus appréciés sont ceux sur le campus central, comme il a été mentionné dans l’analyse selon le cadre théorique, tandis que ceux du campus ouest sont plutôt des espaces considérés à améliorer par les étudiants et les employés.
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Analyse des qualités paysagères du campus central
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Si on analyse les qualités paysagères du campus central, en termes d’organisation et de séquences paysagères, on remarque que le paysage est organisé selon un système de placettes de différentes échelles interconnectées par un réseau de passages piétonniers. Ces passages sont encadrés par des espaces verts.
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Les passages sont également des axes de vues dégagés qui permettent de se repérer et d’offrir une richesse visuelle sur une grande distance. Ils sont cependant peu exploités dans le secteur ouest. Toutefois, il y a un grand potentiel de revitalisation pour connecter les paysages du secteur ouest avec ceux des autres secteurs. À l'heure actuelle, la richesse des paysages provient essentiellement de ces éléments de végétation qui participent à construire l'identité du campus.
Par les auteurs
Paysages connectés, riches et structurés
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Analyse des qualités paysagères du campus ouest
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À l’heure actuelle, le campus ouest est composé de peu d’espaces verts qui ne sont pas connectés entre eux. On note beaucoup d’espaces résiduels et de stationnements qui n'enrichissent pas le côté visuel. De plus, il n’existe aucune place publique de ce côté du campus. Cependant, les aménagements du master plan visent à améliorer ces points.
Paysages non connectés, résiduels et pauvres
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Par les auteurs
Figure 61 : Vues de Brooklyn Avenue
Google Maps
Les stationnements sont aussi des paysages peu riches. On remarque avec la figure ci-contre qu'il y a une bonne quantité stationnements dans le secteur ouest. Cela s'explique par la concentration de logements, la présence d'industries partenaires avec l'UW et la proximité du réseau routier de la ville. Les stationnements du secteur sont de types variés. Cependant, les stationnements en surfaces forment de grandes étendues d'asphalte qui dénaturent le paysage naturel du waterfront à proximité. Combinés au façades des bâtiments qui sont inactives, les paysages sont alors moins riches au niveau visuel. Il devient aussi difficile de se repérer, car ces lieux manquent de lisibilité et d'intérêt.
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Bien qu'essentiels pour plusieurs, ces stationnements occupent des terrains qui pourraient être utiles lors de la densification du campus, et donc du besoin de construction de nouveaux bâtiments. Ainsi, ceux-ci permettraient de générer une nouvelle intensité et richesse dans le paysage.
À l’échelle du campus, on note que le campus central offre une richesse visuelle plus importante sur de plus grandes distances grâces aux principaux axes de vues. Cependant, le campus ouest se compose d'une trame urbaine en grille, ce qui limite la richesse visuelle à une échelle plus rapprochée. Il sera important, non seulement de prévoir des rez-de-chaussée actifs, mais également de travailler les façades comme des éléments de composition du paysage à la petite échelle.
3. LES CORRIDORS PAYSAGERS : OUVRIR LE PAYSAGE DU CAMPUS OUEST POUR UNE RICHESSE SENSORIELLE
Figure 62 : Emplacement des stationnements existants
2018 Seattle Campus Masterplan, p. 69
Afin de remédier à la discontinuité paysagère du campus ouest et offrir davantage de richesse sensorielle dans la trame bâtie, les architectes responsables du master plan ont envisagé plusieurs approches avant d’opter pour une décision finale :
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Approche 1 : jardins publics
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La première approche explore l’idée des jardins urbains comme un réseau qui distribue des petits espaces ouverts, placettes ou jardins. Cette approche permet de consolider la richesse expérientielle à l’échelle humaine. Ainsi, le parcours sera plus intime, alors que le campus ouest est plutôt élargi et très urbain. L’échelle de richesse est donc plus fine pour l’environnement bâti et paysager. Elle opère de façon chirurgicale dans la trame existante.
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Approche 2 : espace central
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La seconde propose de créer un grand espace public (de type Red Square) et de l’assumer comme une centralité qui organise l’espace public autour d’un aménagement paysager significatif. Cependant, on se demande quel genre d’intensité on pourrait retrouver dans une telle place, car le secteur ouest ne représente pas le cœur étudiant. Cependant, en la végétalisant, elle pourrait devenir un connecteur avec le waterfront.
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Approche 3 : paysage linéaire
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La troisième teste l’idée d’un paysage linéaire connectant les différents environnements du secteur ouest. Ainsi, cela permet d’organiser une séquence visuelle à différentes échelles et de consolider un espace public comme un corridor de vie et d’expériences. De ce fait, les chemins quotidiens seront accompagnés par le paysage. Ils seront plus sécuritaires, intimes et interrompus de moment de pause.
Schémas par les auteurs
Les architectes ont alors choisi une solution hybride, un compromis entre les trois approches qui permettrait de créer une hiérarchie claire des espaces. Le choix s’est porté sur un élément fort qui servirait de colonne vertébrale pour organiser les espaces dans le campus ouest. En effet, Brooklyn Avenue deviendrait l’artère verte animée qui renforce les connexions est/ouest et nord/sud.
L’objectif est ainsi de créer un environnement mémorable, riche et vivant. La seule critique qu’on peut apporter à cette proposition et d’avoir un peu « abandonné » les autres connexions à profit de deux grands axes : le West Campus Green qui devient un espace public majeur et le Campus Parkway qui devient un connecteur d’importance. Cependant, l’approche des jardins interstitiels était très intéressante et, en la combinant avec la solution proposée, cela permettrait de composer des espaces plus riches à l’échelle humaine, ce que les grands corridors ne peuvent apporter. Les architectes reproduisent ici le modèle du campus central (qui fonctionne très bien). Cependant la particularité du campus Ouest est son caractère urbain et dense. Ainsi, une approche plus ponctuelle, combinée à cette grosse intervention, aurait pu conforter le caractère urbain avec des micro-interventions riches et interconnectées pour consolider le système paysager en grille.
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Intégrer les sons et le toucher pour ​accroître la richesse
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Selon Bentley, la richesse par les sons est plutôt incontrôlable, les concepteurs du master plan ont réussi à l'intégrer de façon plutôt réussie. En effet, le secteur ouest, tout comme son voisin (le secteur sud), se situent tous les deux en bordure de plans d'eau importants, Portage Bay et Union Bay. Ainsi, en aménageant la promenade continue en bordure de ces barrières naturelles, on les transforme en élément participatif de la richesse sonore et du toucher. En effet, le bruit de l'eau et la brise qui l'accompagne contribuent à bonifier les expériences quand on se trouve près de l'eau. De plus, le verdissement des espaces publics (par exemple, avec la création de West Campus Green) permet aux étudiants d'être en contact direct avec la nature et de pouvoir la toucher. En effet, en plus d'offrir une variété (possibilité de s'asseoir, de se tenir debout, de socialiser, etc.), les étudiants peuvent avoir un contact direct avec le gazon et les arbres qui, en automne, vont perdre leur feuilles pour offrir une diversité des paysages selon les saisons.
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Figure 63 : Nouvelle place publique - West Campus Green
2018 Seattle Campus Masterplan, p. 172-173
Aussi, l'eau participe à contrer le phénomène de chrono-urbanité. En effet, les aménagements verts attirent les gens provenant même de l'extérieur du campus. Il y a donc une certaine mixité sociale qui s'installe dans ce secteur du campus aux différents moments de la journée à l'année. Ainsi, les espaces publics ont toujours une certaine intensité et animation et ce même si les étudiants sont en cours. De plus, cela incite les étudiants à sortir à l'extérieur pour socialiser et étudier. Le secteur ouest devient donc un second cœur étudiant pour animer la vie des étudiants qui s'y trouvent, car le secteur ouest abrite de nombreuses résidences étudiantes.
Par les auteurs